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J'ai un cimetière dans la bouche

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COMMENT LIRE SMEEV JERRY  A TRAVERS LE CIMETIERE DE SA BOUCHE

par Jonas Jolivert​

​PARCE QUE LA POESIE EST ET RESTERA POESIE

Si vous côtoyez avec une certaine régularité la littérature surtout en tant que lecteur, vous vous êtes surement retrouvé devant une phrase, un verre dont vous aimeriez surement être l’auteur. Vous vous dites « merde, pourquoi je n’y avais pas pensé ?

Je l’ai vécue, une situation similaire très récemment. Une amie du travail m’ayant vu plusieurs fois arrivé au bloc opératoire avec des titres comme « Le fou noir » (Arrigo Boito), « Soubresauts » (Samuel Beckett), me proposa, sur la pointe des pieds, un livre. Son cadeau fut gentiment accompagné d’une sorte d’excuse. Elle me dit : moi j’aime la littérature légère, celle qui se lit sans trop se prendre la tête...

Entretien avec Smeev Jerry

QUE DE LA POESIE ... EN GUISE DE CARTE VISITE

CLRV : Comment es-tu rentré dans la littérature ?

SJ: Je ne crois pas qu'on puisse «rentrer» dans la littérature, en tout cas pas comme si on choisissait cette filière au détriment d'une autre, ou on se croirait meilleur. C'est la littérature qui m'est tombé dessus, comme ça. J'ai pris du temps pour m’identifier, faute de repères. Mais, aussi loin que je me souvienne, j'écrivais des trucs qui ressemblaient à de la littérature jusqu'à ce que le temps m'ait fait savoir que c'était bien le cas.

CLRV: Quelle serait la part de la poésie dans la construction de ton monde littéraire et pourquoi ? 

SJ: Importante, je dirais. Très importante. La poésie est le socle de tout. Elle va aussi bien au philosophe qu'au poète, et la façon dont sonne une langue, même sans le vouloir, est déjà poétique. Je m'essaie en tout; de la Nouvelle au roman mais la poésie a su faire sa place en moi. Je suis poète etcætera, donc essentiellement poète et autre chose, s'il y a lieu.

CLRV: Intègres-tu certains écrivains comme modèles ? Lesquels ?

SJ: C'est impossible d'écrire sans avoir de repères. Le premier geste de l'écriture est la lecture. Donc j'ai dû lire pour avoir     une certaine forme propre, une idée de ce que je voulais écrire plus tard. Une flopée d'auteurs m'a forgé. Il y a des écrivains que j'aimais bien avant que je n'aime plus aujourd'hui, pas parce qu'ils sont mauvais mais parce que j'évolue. Mais ne flétrit jamais mon amour pour Clément Magloire Saint-Aude, Davertige, Yves Bonnefoy qu'un ami m'a fait découvrir dernièrement, Charles Bukowski, etc… Je me suis intéressé, animé par le Prix Littéraire créé en hommage à son nom et à son œuvre, à l’écriture de Jean Metellus que je découvre dans sa diversité et dans ses grandes dimensions  humaine et poétique.  Par  ailleurs, je reconnais qu’il faut toujours faire attention aux auteurs qu'on aime bien pour ne pas les plagier.

CLRV: Ton recueil, «J’ai un cimetière dans la bouche» a attiré l’attention du jury du Prix Jean Métellus dans sa première édition. Quelles seraient les circonstances qui auraient été à la genèse de cette production littéraire? 

 

SJ : D'abord un grand besoin d'écrire. De tout. De rien. Mais surtout de ces gens qui partent sans  pouvoir toucher, pour certains, même un quart de la vie. C'est terrible la mort d'une personne jeune. Mourir vieux n'est pas moins noble mais quand trop de jeunes partent, que certains de tes amis tombent comme des trousseaux de clefs, comme poète, tu  n'as pas d'autre choix que d'en parler et pour adoucir un peu le truc, tu jettes des bribes d'amour par-ci, par-là. Ce recueil   est un constat des tombes et le nom de mes morts que je  cite toujours trop.

 

CLRV: Ce texte a déjà eu un beau parcours. Quelles ont été tes réactions quand tu as été informé de la mention spéciale qui lui a été attribuée?

 

​SJ: ll a fait du chemin, le recueil. Ça m'est venu comme une sorte de confirmation, une licence poétique légale à mon besoin de le partager. Attribuer une mention spéciale à une œuvre témoigne d’une  adhésion à son contenu. A défaut de remporter le Prix Jean Métellus 2023, je me disais que j'avais la confirmation  du niveau du livre. De là est forgée ma force de le confier aux éditions Recto Verso.

 

CLRV: Dans la dynamique de quelles attentes inscris-tu ce livre?

 

SJ : C'est un peu mon problème: je ne m'attends jamais à rien  concernant une œuvre produite dès qu'elle s'est confirmée.   L’œuvre ne me doit rien. Elle me rendra service en continuant à faire sa route, à toucher ses lecteurs, rendant le parfum   qu'elle a volé aux fleurs. Et puis me faire un clin d’œil, plus tard, par le partage de mon nom au monde.

De là, je la remercierai de m'avoir choisi pour l'aider à voir le jour sous cette forme parce que je crois que bien avant de se présenter ainsi, le poème existe autrement.

Il a été vent, soleil, macadam, ombre, rien.

 

Note :

Peu de temps après cet entretien, le jury du Prix Jean Métellus a publié son palmarès pour l'édition 2024 et le Lauréat est bien SMEEV JERRY  pour son recueil " Les oraisons du vide" !

Bravo , nous disons au poète et à son œuvre ! 

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